Béjart se promène à Athènes - 1993
Musique : Manos Hadjidakis
J'écrivais en 1989 : La rue Athéna est le cœur d'Athènes. Et Athènes est le cœur de la nation. Ainsi toute célébration de la rue Athéna est–elle également grecque et nationale. Cette rue portant le nom d'une déesse et se terminant au pied du Parthénon qui la bénit, personne en Grèce ne met en doute son importance nationale. Cette rue, la rue Athéna, est une suite de tavernes nombreuses, de bordels encore plus nombreux, de cinémas offrant un plaisir érotique privé, d'obscurs hôtels vendant des soins érotiques d'urgence – des Premiers Secours Sexuels,en quelque sorte – de milliers de cafés pour le relâchement quotidien. On y trouve également la mairie et un bureau de pompes funèbres d'une époque révolue. Dans cette rue circulent des ouvriers, des petits commerçants, des voyous, des prostituées, des travestis, des journalistes, des maquereaux provinciaux et des milliers d'assassins. À peu de chose près, voilà le décor.
Ces Ballades sont quelque chose de différent, au-delà du "décor" dont j'ai parlé plus haut. Je dirais qu'il s'agit d'une étude poétique sur la violence et sur "notre ténébreuse racine du cri" -
C'est un méandre mélodique, une tresse féconde d'entrelacements érotiques. Ce sont des auto-analyses secrètes, des confessions et des pérégrinations dans l'espace invisible et hérité de notre âme. C'est un recueil musical d'impulsions marginales. C'est enfin, une tentative rituelle pour dévoiler les forces obscures qui nous gouvernent, nous meuvent et nous conduisent irrésistiblement vers notre antique et ultime itinéraire.