Danses, dansons dansez !

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Béjart : Mare Nostrum (1982)

Béjart, né au bord de la Méditerranée a  en quelque sorte des racines ouvertes sur la culture musulmane. Ici, ce ballet sur une musique de Mikis Theodorakis (j'adore ses musiques), est une ode à "cette mer qui nous vit naître".
"Une barque, un enfant de sept ans, un vieil homme chaudement vêtu sous un soleil de plomb, casque colonial sur la tête, et puis du bleu partout, au-dessus, au-dessous, du bleu et puis rien, la côte n'est plus visible, les rochers ont disparu...
Marseille, enfance, adolescence, la guerre, isolement, la ville m'étouffe, mais "elle" est là, promesse de départ... un jour.
Et puis un jour, bien plus tard, première escale d'un voyage en zigzag un peu semblable à une feuille de température en folie, Palerme. L'odeur des vieux quartiers de Marseille (depuis longtemps disparus), avec en prime toute l'Italie du Sud, un parfum d'Arabie et, bien sûr, partout présente, la grande Grèce. Je nage, c'est bien là la même mer, le même goût, le même bleu, le même éblouissement, et dans ce goût où tant de civilisations se mélangent, mon corps se sent grandir comme un David de Michel-Ange qu'un bathyscaphe construit par Léonard de Vinci aurait trouvé au fond d'un gouffre marin.
Je remonte vers le nord (presque à la nage... comment me séparer de celle que j'aime ?). Et Naples me raconte l'Empire romain enfoui à Pompéi et les folies de l'opéra baroque où les castrats vêtus de plumes et recouverts de perles font se pâmer les loges, où des grosses duchesses napolitaines boivent du lacrimachristi avec d'élégants cavaliers espagnols.
Les chandelles à peine consumées, que déjà les sirènes m'entraînent vers une autre musique au fond des grottes de Capri, labyrinthe du cœur où l'on entre italien pour en sortir grec. Le caïque m'attend. Dix mètres de long, un gros ventre qui ne craint pas la tempête (quand on a connu les Meltemi on peut comprendre l'Odyssée), une voile courte et robuste, la mer et son collier de perles qui se nomment Siphnos, Sériphos, Naxos, los, Délos, Mykonos.
Enfants de la Méditerranée, nous sommes, "un", issus d'un lent métissage de peuples, de cultures, de religions. À une époque où les voyages à terre étaient plus qu'une prouesse, la mer reliait doucement trois continents et favorisait commerces et invasions. Qui suis-je? je suis grec, africain, syrien et vénitien, j'ai grandi en Espagne et étudié à Tunis, j'ai dansé en Sardaigne et chanté en Corse, j'ai aimé à Smyrne et pleuré à Cassis. Puissé-je mourir sur un rocher en Lybie, juste entre la mer et le désert."
Il n'y a de Dieu que Dieu
La mer. Thalassa.
Mare Nostrum.



05/10/2008
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