Danses, dansons dansez !

Lundi 27 juillet est décédé Merce Cunningham, cet éternel jeune homme plein de vitalité. Né en 1919, à 90 ans, il passait chaque matin vers midi à son studio de Wesbeth pour faire répéter ses danseurs. Deux fois par semaine à 11h30, il donnait une classe avant de les faire travailler des pièces du répertoire ou de s'atteler à une création, ceci pendant 4 heures ! Il passait ensuite au bureau de la compagnie pour régler avec ses collaborateurs les problèmes posés par les tournées , les projets artistiques, enfin il s'en retournait chez lui et recevait souvent ses amis de tous âges. Il avait beaucoup de mal à marcher et avait fini par accepter le fauteuil roulant ; c'est avec celui-ci qu'il se rendait au spectacle pour se tenir au courant des dernières représentations, fauteuil qu'on plaçait en coulisse d'où il pouvait voir la scène et parler avec les interprètes.

Quelqu'un lui avait posé cette question " pour vous qui avez tellement aimé dansé, il n'est pas douloureux d'être désormais tributaire de ce fauteuil roulant ?"
Merce Cunningham avait répondu "Douloureux non, ni tragique. Mais difficile oui ! Je vois mon corps changer, ma mobilité se réduire, et en même temps c'est tout un champ d'investigations très intéressant qui s'ouvre à moi, et me pousse à créer de nouvelles choses. Je dois désormais transmettre mes idées à mes danseurs avec les limites présentes ; ils voient, ils comprennent ce que je désire, et cela suscite en eux des propositions parfois surprenantes qui viennent enrichir ma perception. John Cage, toujours malicieux disait que la chorégraphie est l'art de ne pas se cogner, excepté quand on le souhaite. Quand il m'entendait gémir sur les difficultés à diriger une compagnie de danse, il soupirait, le sourire en coin "oui, quel art épouvantable"

Le rusé Merce Cunningham (cunning veut dire astucieux) est parti retrouver les grands disparus : que de ballets en perspective !