Béjart : Notre Faust -1975
Musique : Jean-Sébastien Bach, tangos argentins
Le Faust de Gœthe débute au ciel et se termine par une grand liturgie céleste.Tous les épisodes anecdotiques s'inscrivent dans le cadre d'une cérémonie, parfois divine, souvent démoniaque mais où le rituels qu'il soit sacré ou magique, est toujours présent.
En choisissant une messe comme support musical de I'œuvre, je ne fais que suivre la trame profonde inscrite par Gœthe dans Faust. Mais cette Messe a besoin d'être parfois coupée, détruite, niée. "Je suis l'esprit qui toujours nie", s'écrie Méphisto en apparaissant, et ce personnage plein d'humour se "musicalise" sous l'aspect à la fois violent et satirique, brutal et railleur, du tango argentin. Gœthe, qui naissait exactement à la mort de J.-S. Bach, était un grand admirateur de celui-ci.
On peut imaginer une immense présence divine qui entourerait le théâtre et y pénétrerait de temps en temps, par bouffée, immergeant acteurs et spectateurs dans un souffle religieux. Présence mouvante mais constante. L'homme écoute sa voix, prie, ricane, se détourne, revient, écoute à nouveau, se cache. Éternel jeu du créateur et de sa créature qui implore et refuse la grâce.