Les anciens tutus
Si, en 1784, Marie Sallé avait osé porter la simple robe de mousseline par-dessus son corset et son jupon, c'est en 1832 que Marie Taglioni immortalise la jupe montée sur plusieurs jupons : le costume de La Sylphide, dessiné par Eugène Lami, devient ainsi l'uniforme par excellence de la ballerine. Le costume ne trouvera cependant son nom actuel qu'en 1881 ; l'origine de ce nom proviendrait du mot « tulle », qui forme la matière des tutus. À l'époque, c'est aux danseuses elles-mêmes de fournir le tutu qu'elles porteront sur scène, tenue aux dimensions strictes et imposées : les jupons doivent avoir entre 50 et 60 centimètres de hauteur, être constitués de deux rangs de tarlatane et maintenus par une ceinture cousue de quinze centimètres de large.
Associé dès le milieu du xixe siècle aux « petits rats de l'Opéra », c'est l'uniforme que portent les jeunes élèves de l'école de danse de Paris. Mais la longueur des costumes diminue progressivement, de façon à laisser à dégager les silhouettes et laisser apparaître les jambes qui effectuent un travail de plus en plus technique. Ainsi, dans les années 1890, les tutus de l'Opéra arrivent aux genoux des danseuses. L'on peut également invoquer une tragique raison à ce raccourcissement des tenues, une raison qui coûta la vie de la prometteuse Emma Livry : les tutus longs n'étaient guère sécurisants face à l'éclairage au gaz des scènes de l'époque, et les risques d'incendies sans cesse renouvelés.
Garder un tutu propre pendant des années était un souci constant des danseuses. Fabriquer un tutu coûtait très cher et on ne pouvait pas les remplacer souvent. Le tulle de soie ne peut pas être lavé il est rapidement défraîchi. La tarlatane ne se lavait presque pas ou séchait très mal : imaginez le souci des danseuses ? les maillots étaient en tissu de laine ou de coton : même problème pour le lavage et le séchage -
Ces tutus étaient lourds, encombrants et difficiles à ranger -