Danses, dansons dansez !

Danses, dansons dansez !

la fameuse Valse

Au début existait  "La volte" (Renaisssance) dont l'innovation sur le plan chorégraphique consistait dans l'enlacement final des deux danseurs qui tournoyaient ensemble ; elle se transmit tout d'abord clandestinement en Italie, en France et en Angleterre  - est-elle à l'origine de la valse ?
Rien n'est moins clair... Une chose est certaine, elle n'est pas apparue soudainement et ne peut avoir une seule origine.

    De l'avis général et selon les milieux autorisés, la valse proviendrait des "ländlers", ces danses populaires en Allemagne et en Autriche dont le rythme à trois temps est issu des "Tanzlieder" des XVIème et XVIIème siècle.
    A la Cour de Vienne le "minnesänger" Neirthart von Renerthal composa des chansons dont le rythme annonçait clairement celui de la valse: Un fifre et un tambourin donnaient la cadence, accompagnant les danseurs qui assuraient eux-même le chant tout en virevoltant (certainement pas encore à perdre haleine... car danser en chantant n'est pas une entreprise de longue durée...)
    Montaigne décrit une danse qu'il vit à Augsburg en 1580 où "les danseurs se tenaient si prés l'un de l'autre que leurs visages se touchaient", et Kunz Haas parlera lui, à la même époque, de ces danses "païennes", Weller et Spinner, où les vigoureux paysans marquaient la mesure en tournoyant.

    Dansés à l'origines en plein air ou à l'auberge par les paysans de Bavière, du Tyrol ou de Styrie, les "ländlers" étaient des rondes exécutées en couples enlacés sur un rythme à trois temps, ce qui les distinguait des danses où les participants se faisaient face.

Le fait de danser en "couple fermé", c'est à dire l'homme face à la femme et non pas à ses côtés comme dans les danses "bienséantes", a été longtemps considéré comme inconvenant et n'était pas admis dans les milieux qui "donnaient le ton"...
    C'est pourquoi, tandis que les classes supérieures de la société continuaient à s'ennuyer en dansant le menuet, nombre de nobles messieurs s'échappaient vers les bals de leurs domestiques... (avec toutes les complications consécutives que l'on imagine...)

    Le terme de "Waltzer", qui désigne en fait la figure finale des "ländlers", se répand au XVIIIème siècle lorsque l'évolution des moeurs et des idées appelle un nouveau type de société, et que le couple dansant devient une représentation acceptable dans certains milieux éclairés.
    Don Curzio décrit ainsi la vie à Vienne en 1776 :
"Les gens dansaient comme des fous. Les dames de Vienne sont particulièrement renommées pour leur grâce et leur façon de danser la valse dont elles ne se fatiguent jamais".

Ce n'est qu'en 1800 que l'on valsera pour la première fois au bal de l'Opéra à Paris, et en 1825, bien que la mode de la valse se soit imposée en Angleterre pendant la période de la Régence, on peut lire encore dans le Dictionnaire d'Oxford à la rubrique "valse" qu'il s'agit d'une danse "indécente et contraire à l'ordre public"...

    Il faut dire que lorsqu'émergea la danse en couple dans les bals populaires ceux-ci étaient d'immenses chahuts où les participants se bousculaient et se heurtaient parfois violemment... Il y avait souvent des blessés et des rixes, et le bal se transformait en certaines occasions en véritables batailles rangées comme le décrivent les archives des tribunaux... (chaque siècle a eu ses rave-parties...)

    On aura compris que dans de telles conditions l'opinion publique n'était pas encore prête à autoriser la valse aux jeunes filles...
    "Aux temps où la valse régnait dans les salons, elle était l'apanage des femmes mariées autorisées de leurs maris. Les jeunes filles qui imitaient les femmes mariées étaient montrées du doigt et redoutées comme le feu par les jeunes gens à marier. En effet, la valse en rapprochant les deux sexes émeut vivement les sens... inspire les désirs... les irrite... et porte tellement vers la volupté qu'elle est souvent dangereuse pour l'innocence". (Brieux Saint-Laurent)
    Madame Celbart déclara "qu'elle pouvait faire perdre la raison aux jeunes filles", et le chevalier de Ségur dira d'une jeune demoiselle "Elle a son pucelage moins la valse..."

    En investissant les salons et les parquets cirés la valse, dansée jadis en sautillant à la manière paysanne, s'est maintenant transformée en une danse raffinée où les couples, aidés par leurs chaussures à semelles de cuir, tournent en glissant, et à partir du XIXème siècle le rôle de Vienne va se révéler considérable dans son développement lorsque la ville ouvre de grandes salles recouvertes de parquet dont certaines, dit-on, pouvaient contenir jusqu'à 3000 personnes.

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20/12/2011
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