Danses, dansons dansez !

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Maia - un tempérament de feu

"Il est des ballerines du silence, des ballerines flocon-de-neige, elles se dissolvent doucement... celle-ci est une étincelle d'enfer" (Andreï Voznessenski au sujet  de Maïa Plissetskaia)
Passionnée, excessive, plus que toute autre, Maïa possède un tempérament de feu ; dévorant la vie, avide de nouvauté, c'est elle qui la première interprète en Union Soviétique les créations des chorégraphes occidentaux tels que Roland Petit, puis Béjart, seul chorégraphe devant lequel elle accepte de se soumettre.
Maïa est une des ces créatures dont la seule présence sous le halo d'un projecteur annonce une "destinée". Le spectateur est alors confronté avec le symbole d'un rêve, d'un cauchemar, d'un idéal ou de ce quelque chose de très important et fondamental que chacun porte en lui, plus ou moins consciemment et que, par le fantastique miroir du théâtre, il lui arrive de "reconnaître". Maïa a ce pouvoir de susciter des mythes, c'est pourquoi on peut la considérer comme une des rares artistes que l'on nomme "monstre sacré".
Quelle soit Carmen, Isadora, Leda, Anna Karénine , son sang circule à travers ces héroïnes pour les métamorphoser et en faire l'incarnation même de la passion.

Dès que Maïa entre en scène, on sent que rien de ce qui va se dérouler ne sera simple. Elle porte la marque de ceux qui sont conduits inexorablement par un destin, ceux dont l'ivresse de liberté, de passion ou de tout autre sentiment s'accomplit jusqu'au bout dans le don de soi. Plissetskaia est donc tragédienne dans le sens le plus noblement classique. Plus que par l'histoire qu'elle réinvente et vit sur les planches, c'est par cette puissance allégorique dont elle revêt ses personnages qu'elle sait nous envoûter.
Par exemple dans Carmen, d'une facture chorégraphique bien pale, due à Alberto Alonso, avec quel savoir, avec quelle sévérité elle est cette créature indomptée ! Ses scènes de séduction face à Don José, puis du Toréador, ont été d'une fascinante intensité.
Grâce à l'imagination de Béjart, Maia fut aussi Isadora et Léda. Dans Isadora, elle tutoie le sublime, incarnant avec grandeur le symbole de la liberté plus encore que la danseuse, Isadora Duncan.
Dans Léda, étrange composition où Béjart mêle astucieusement la légende antique et un pièce du théâtre japonais Nô, les effets scèniques créent l'insolite, voire le mystère : ce miroir qui deviendra une lune, témoin des amours de la femme du roi de Sparte avec Zeus, et dans lequel, au lever du rideau, le Cygne-Maïa se contemple en faisant chanter ses bras divins ; ou encore cet instant  où Jupiter (Jorge Donn) arrache les plumes du tutu de la danseuse pour s'en faire les ailes du cygne séducteur. Ici, encore, elle apparait admirablement belle et bouleversante et pour ce seul mais déjà grand bonheur, nous devons remercier Béjart.
Ici on la voit danser LEDA avec le superbe et défunt Jorge Donn.



14/05/2008
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