Le Mandarin Merveileux - âme sensible s'abstenir ....
Pour moi, le Mandarin Merveilleux, c'est en premier la musique de Bartok mais je lis que Bartok avait tout d'abord concçu un ballet avant sa suite symphonique, dans les années 1918-1919, années de désastre pour la Hongrie. Sa première représentation au théâtre de Cologne en 1926 causa autant de scandale que le "Sacre du Printemps" 13 années auparavant - Il fallut attendre le changement des moeurs pour que les théâtres nationaux le remettent à l'affiche.
Le sujet, il faut l'avouer, est un peu scabreux - Il est dû à l'imagination morbide et forcenée de Lengyel qui, en l'occasion, fait appel à l'atmophère et l'esthétique expressionniste - le "Mandarin" porte la marque de l'époque cruelle où il a été conçu si bien qu'il représente plus une pantomine dansée sur le fond brutal de la musique angoissante qu'un ballet abstrait et désincarné.
L'action se passe dans une maison close fréquentée par des voyous et des filles de joie de tout genre surtout le moins raffiné. Deux groupes de trois danseurs se disputent une fille aguicheuse et vulgaire à souhait dont le thème, à la clarinette, rappelle celui du "Sacre du printemps".
Les voyous désargentés obligent la fille à se prostituer : elle se met à la fenêtre et attire le client - Entre d'abord un vieux beau, comme il n' a rien sur lui, les voyous l'expulsent avec fracas - vient ensuite un pauvre adolescent timide, il plait à la fille qui danse avec lui jusqu'à ce que les voyous mettent bon ordre à ce début de flirt.
Enfin, Oh stupeur, se présente un mandarin sur une lente fanfare fortissimo - la fille stupéfaite et puis conquise danse pour lui -il s'élance sur elle qui l'évite, et cela vaut une course poursuite haletante - Commence alors le thèms spécifique du mandarin, un pas de deux d'une originalité absolue et soutenue par la plus stupéfiante des musiques - Le ryhtme s'accélère, devient implacable, fatidique - le destin frappe à la porte : les bandits dépouillent le mandarin de ses bijoux, de son argent, ils essaient de l'étouffer sous des oreillers, ils le poignardent, ils le pendent à la suspension qui s'écroule sous le poids - Mais le mandarin vit toujours !! sa silhouette brille dans l'obscurité d'un éclat verdâtre - La fille émue, le prend dans ses bras pour un acte d'amour insensé - alors les plaies du mandarin se mettent à saigner et il rend l'âme doucement -