Danses, dansons dansez !

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Serge Diaghilev

Sergeï Pavlovitch Diaghilev, qui s'est fait appeler Serge de Diaghilev en France, a été l'un des plus importants promoteurs de l'art russe à l'étranger.

Serge Diaghilev est né le 19 mars 1872 près de Novgorod en Russie. Son père, un riche propriétaire foncier est officier du régiment des Chevaliers-Gardes. Lié à Moussorgsky et à Tchaikovsky, il cultive un goût raffiné pour la musique et la peinture. 
A Saint-Pétersbourg, Serge Diaghilev étudie parallèlement le droit et la composition musicale. 
A l'âge de vingt-cinq ans, il entame une activité de critique d'art et met sur pied une exposition d'aquarelles anglaises et allemandes. Dans la foulée, il fonde la revue "Le Monde de l'Art" à laquelle il associe ses amis, les peintres Benois et Bakst, ainsi que le jeune Constantin Somov, le critique musical Walter Nouvel et un futur écrivain. Il organise ainsi diverses expositions d'art russe, en Russie, comme en Allemagne. 
Appelé en 1900 à diriger l'Annuaire des Théâtres impériaux, il en fait une superbe publication, richement illustrée. Puis, il est chargé de mettre sur pied l'Exposition historique de portraits russes à laquelle le Tsar accorde son patronage (1905).

Francophile, il ne tarde pas à focaliser son activité sur Paris. Il organise ainsi une exposition de peintres russes au Grand Palais en 1906, mais aussi des concerts historiques avec Rimsky-Korsakov, Glazounov, Scriabine et Rachmaninov en 1907. 

L'année suivante, au théâtre du Châtelet, parallèlement à une production lyrique, La Jeune Fille de Pskov de Rimsky-Korsakov, il présente sa première saison de ballets avec Nijinsky, Pavlova, Karsavina, Fokine et Mordkine. 

Sans pour autant tourner le dos à l'Opéra, il se consacre désormais à une  nouvelle entreprise : la régénération de la danse que la seconde moitié du XIXe siècle a empoussiéré. 

Se révélant un organisateur clairvoyant et un animateur audacieux, il est devenu un véritable « entrepreneur d'art », montant chaque année, de 1909 à 1929, à Paris puis à Londres, New York ou Monte-Carlo, de somptueux spectacles chorégraphiques, musicaux et picturaux bientôt connus sous le nom de Ballets russes de Diaghilev.

Ses étoiles sont Tamara Karsavina et Vaslav Nijinski. L'absence de financement stable et un enchaînement infini de tournées obligent Serge Diaghilev à renoncer aux ballets en plusieurs actes.

Il se concentre essentiellement sur des mises en scène à un seul acte qui permettent de présenter trois spectacles différents en l'espace d'une soirée. C'est sous son impulsion que la forme de la soirée de ballet en trois parties reste toujours la plus populaire dans la danse occidentale.
Durant les premières années, chaque nouvelle saison a plus de succès que la précédente. Au début, Serge Diaghilev séduit le spectateur par des notes typiquement russes dans Petrouchka, L'Oiseau de feu et Schéhérazade, mais leur exotisme se révèle plus radical que les innovations européennes. La mise en scène, scandaleuse, du ballet Le Sacre du printemps d'Igor Stravinsky chorégraphié par Vaslav Nijinski en 1913 marque un tournant dans l'histoire des Ballets russes : avant même la Première Guerre mondiale, elle coupe Serge Diaghilev et sa troupe de la Russie.

Le jalon suivant de l'activité de Serge Diaghilev est la première du ballet Parade pour lequel il regroupe une équipe internationale : composé par le Français Erik Satie sur un poème de Jean Cocteau avec décors et costumes de Pablo Picasso, le tout sur la chorégraphie du Russe Léonide Massine. Ce ballet
« cubiste » n'est présenté qu'une seule fois, car il déclenche l'hostilité du public. C'est pourtant la manière de Diaghilev de faire sa déclaration. Même sans financement régulier, même dépendant entièrement de son succès auprès du public, il ne recule pas devant ce qu'il estime être la qualité principale de l'art : l'expérience et le mouvement en avant. Ce trait de caractère précipite souvent Serge Diaghilev et sa troupe dans le gouffre de la catastrophe financière, au point qu'il devient incapable de payer sa chambre d'hôtel. Toutefois, il estime impossible de trahir ses principes et c'est grâce aux Saisons russes que le monde découvre Nicolas Roerich, Natalia Gontcharova, Claude Debussy, Serge Prokofiev, Vaslav Nijinski et George Balanchine.


Les œuvres créées par celle-ci peuvent se diviser en trois genres : « les monuments du ballet moderne » (les « Danses polovtsiennes » du Prince Igor, Schéhérazade, Petrouchka, l'Oiseau de feu, le Spectre de la rose, les Sylphides, le Sacre du printemps, l'Après-midi d'un faune, la Boutique fantasque) ; ensuite les réussites du demi-siècle (Daphnis et Chloé, le Coq d'or, les Femmes de bonne humeur, les Noces, les Biches, Apollon Musagète) ; enfin les ballets annonciateurs de l'avant-garde contemporaine (Parade, le Pas d'acier, la Chatte, le Fils prodigue).

C'est lui qui a été le premier à présenter à l'Europe le panorama de l'art russe devenu un milieu « nutritif » pour le monde occidental du XXe siècle. Serge Diaghilev s'est éteint en 1929 à l'âge de 57 ans à Venise, une ville qu'il aimait particulièrement. Mais aujourd'hui encore, le monde des arts suit la direction qu'il a tracée.

 

 

Serge Diaghilev | Russian ballet impresario | Britannica

 

Serge Diaghilev au centre. Léonide Massine, Lidia Lopokova, Lioubov Tchernicheva, Sergueï Grigoriev.

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25/10/2020
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