Danses, dansons dansez !

Danses, dansons dansez !

Compagnie Sankai Juku

En 1991, j'avais pris des billets pour un spectacle de danse japonaise Butô avec la Cie Sankai Juku - J'étais un peu inquiète au sujet de cette représentation car, si j'avais lu beaucoup d'articles sur la danse Butô, je ne savais pas ce que ça pouvait réellement donner en spectacle.
Mon mari avait tenu à m'accompagner ; il a toujours été intéressé par tout ce qui touche au Japon (aïkidoka !) et il voulait découvrir ce côté esthétique inconnu.
Nous ne fûmes pas déçus, bien au contraire, fascinés ! Violence figée, beauté onirique épurée, la pluie de sable s'écoulant lentement (symbole de mort) mais l'eau au sol (la naissance) où se couchaient des corps en position foetale comme pour une re-naissance.
C'était d'un esthétisme fascinant et malgré le spectre de la mort il n'y avait rien de funèbre, plutôt un équilibre zen pendant tout le spectacle.

La compagnie Sankai Juku (une expression que l'on pourrait traduire par « studio de la montagne et de la mer ») et son directeur artistique, Ushio Amagatsu, appartiennent à la seconde génération de danseurs de butoh au Japon. Le butô est une nouvelle forme d'art japonaise qui est apparue dans les années soixante, comme une expression des préoccupations humanitaires d'une génération née après la guerre, et fortement marquée par elle. Sous l'impulsion de Tatsumi Hijikata et Kazuo Ohno, les danseurs japonais appartenant à ce courant ont tourné le dos aux formes traditionnelles des danses orientales et occidentales, pour rechercher un mode d'expression mieux adapté aux réalités du Japon moderne. Les gestes du butoh émanent d'une sensibilité qui a été harnachée par des siècles de tradition, mais le corps du danseur de butoh ne s'encombre pas du vocabulaire ancien du kabuki ou du nô. Selon Ushio Amagatsu, le butô exprime le langage du corps plutôt qu'un sens théorique du mouvement, et chacun y apporte sa propre histoire physique, son propre mode d'expression. Avant d'adopter le style butô, Ushio Amagatsu a reçu une formation en danse classique et moderne, et la perspective qu'il en a dégagée a contribué à une meilleure compréhension du butô. Loin de masquer ou de dissimuler l'émotion, sa démarche s'appuie au contraire sur l'expression personnelle de la souffrance, et l'exaltation passionnée des joies de la vie et des chagrins de la mort. Le visage blanc figé de la tradition représentait un être humain entravé, mais le visage blanchi du danseur de butô est animé, en lien direct avec l'innocence, l'émerveillement, la peur et la mort. L'absence de vêtement donne plus de valeur aux gestes, laissant s'exprimer librement le danseur.



13/11/2008
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